Les tendances 2019 explorées par les designers parisiens Studio 5.5

Les tendances 2019 explorées par les designers parisiens Studio 5.5

 

Titiller l’imaginaire.

Et faire que les produits Tarkett ne soient plus seulement perçus comme des revêtements de sol aux qualités techniques, mais comme des matières à potentiel pour créer toutes sortes de projets. Telle est la mission de Florian Bougault, directeur artistique EMEA de la marque. Depuis 2016, le Cahier d’inspiration Play, loin du simple catalogue, est là pour donner un autre angle de vue sur les vinyles, linoleums, homogènes et autres moquettes Tarkett. « Nous avons d’abord mis en avant le côté graphique de nos sols modulaires, avant d’élargir le cahier d’inspiration à tous nos revêtements », raconte Florian Bougault. En 2019, la marque a voulu aller encore plus loin. « Jusqu’ici, Play donnait des pistes d’utilisation de nos revêtements Tarkett dans des environnements de bureaux, d’hôpitaux, d’hôtel... Cette année, nous avons eu envie de développer une scénographie plus abstraite, plus inspirationnelle, et de monter en gamme en termes d’images. Faire appel au studio 5.5 a alors été un choix évident ». Un studio collectif de design global, basé à Paris que la marque connaît déjà, pour lui avoir confié en 2017 l’aménagement de l’atelier Tarkett, rue de Saintonge. Un lieu étonnant, unique, ludique, où tout est prétexte à montrer le potentiel des produits Tarkett.

« Nous aimons le regard de ces designers, qui ont l’art de détourner la matière avec intelligence et humour, tout en la rattachant à son histoire. C’est ce qu’ils ont fait pour l’atelier Tarkett. Avec le Cahier d’inspiration Play, ils ont eu la liberté de créer un showroom... version papier ! ». Nous avons rencontré Vincent Baranger et Jean-Sébastien Blanc, deux fondateurs du studio qui nous racontent la genèse du PLAY 2019.


 

Comment vous êtes vous amusés avec les matières Tarkett ?

Jean-Sébastien Blanc : Nous nous sommes plongés dans les catalogues Tarkett comme dans de véritables boîtes de jeux, pour imaginer des univers oniriques et ludiques qui mettent en scène de manière créative les matières Tarkett. Car oui, le sol peut être un terrain de jeu pour architectes et designers ! Trop souvent, les prescripteurs choisissent un revêtement de sol pour ses performances techniques liées aux contraintes normatives qu’imposent l’architecture.

En mêlant les couleurs, les textures, les formes, nous avons imaginé dix scènes, dix espaces, qui questionnent l’utilisation des matières Tarkett. Des scènes inspirationnelles, qui ne renvoient volontairement à aucun lieu précis : sommes-nous dans une boutique de luxe, un hôtel, un bureau, un musée ? Peu importe. L’objectif est de montrer le potentiel créatif des sols Tarkett et de décloisonner leurs utilisations.

« Mark », « Random », « Cut », « Trick »… chaque scène, chaque chapitre du Cahier Play désigne une action. Pourquoi ?

Jean-Sébastien Blanc : Parce que chacune correspond à un geste créatif fort, qui inspirera sans aucun doute les architectes. Il y a d’infinies façons d’utiliser et de penser les matières Tarkett, pas seulement pour leur usage, mais pour ce qu’elles sont. Les produits Tarkett ont des spécificités qui permettent des utilisations qu’aucun autre sol – carrelage, béton… – ne peut offrir. Et c’est bien toutes ces particularités que nous avons cherché à explorer.

Quel est, justement, le potentiel des sols Tarkett ?


Vincent Baranger : L’une des spécificités de ces revêtements, c’est la facilité avec laquelle on peut les découper, les assembler, presque comme de la marqueterie… On peut par exemple tracer des chemins, délimiter un espace de circulation, comme le montre la scène « Cut », ou encore intégrer une signalétique chiffrée ou fléchée au sol, comme dans l’univers « Mark ». Les dalles de iD Mixonomi, qui proposent 31 formes géométriques et 14 couleurs différentes à assembler et moduler, permettent, elles, d’obtenir une sorte de puzzle géant très graphique.

Jean-Sébastien Blanc : Nous avons beaucoup travaillé avec l’offre des sols souples qui permettent de les enrouler ou de les faire vivre sur des surfaces courbes, comme nous cherchons à le montrer sur les scènes « Curve » et « Colors ». Il est quasi impossible de créer une cloison arrondie en marbre, alors qu’avec un revêtement souple imitant le marbre, nous pouvons l’envisager ! C’est finalement cela qui rend son usage cohérent sur ce genre de volume.

Vous avez aussi joué sur les illusions d’optique…

Vincent Baranger : Nous nous sommes laissés porter par ce que ces matières nous évoquaient. Dans la scène « Tricks », le vinyle homogène au fini rugueux devient une plage de sable fin, granuleuse, qui s’illumine à travers un reflet de fenêtre imaginaire ; dans « Mark », le vinyle gris se fait bitume et nous projette dans une ambiance de salle de sport underground, tandis que l’homogène rose de la scène « Random » a des airs de chewing-gum à la fraise, qui pose une ambiance presque gourmande. Les jeux d’illusions sont sans fin : il y a aussi ce lino vert, telle une pelouse fraîchement tondue, ou cette moquette aux reflets mouillés qui donne envie de plonger dedans comme dans une piscine et qui nous inspira la scène  de la piscine « color ».

Jean-Sébastien Blanc : Nous avons proposé des univers inspirants qui désinhibe la créativité et développe l’imaginaire, sans forcément chercher à imposer un style ou une tendance ; nous voulons insuffler une autre façon de choisir la matière dans un projet. Bien évidemment pour ses performances techniques mais également pour la sensation qu’elle peut nous procurer, les sens qu’elle met en éveil. De par leurs textures, certains sols interagissent avec notre corps, d’autres réveillent des souvenirs de lieux, de moments et créent l’environnement d’un lieu de vie chargé d’histoire dans lequel on se sent bien. C’est certainement une définition du confort.

Pourquoi avoir choisi de faire grimper aux murs ces revêtements de sol ?

Jean-Sébastien Blanc : Pour élargir le champ des possibles ! Play se veut être un manifeste à la créativité à partir des matières Tarkett. Puisqu’on joue avec le sol, pourquoi ne pas le faire grimper aux murs ? C’est d’ailleurs un sujet phare de ce cahier : dans l’aménagement intérieur faut-il uniquement raisonner en surface ? Sol, mur, plafond ? Nous ne prônons pas forcement le retour de la moquette au mur... mais briser les frontières entre ces surfaces architecturales permet de nouveaux terrains de jeu. Et c’est bien lorsque les surfaces disparaissent qu’une ambiance apparaît, qu’un lieu naît.

Il s’agissait aussi de donner du volume à vos scènes… 

Vincent Baranger : Evidemment, car photographier des aplats au sol aurait eu moins d’intérêt. Plus qu’un cahier de tendances, Play est un beau livre, un vrai travail d’édition aux images léchées, qui joue avec les calques, les transparences, la typographie… Nous avons ainsi accordé autant d’importance à la forme et au façonnage de cet ouvrage qu’à son contenu, pour qu’il reflète l’esprit ludique qui nous anime. Nous voulions qu’on prenne plaisir à le feuilleter, comme certains livres pour enfants. Play est en ce sens un livre de jeu pour architecte !

Pourtant, ce n’est pas tant l’esthétique des matières qui vous a inspirés, mais l’histoire qu’elles racontent…

Jean-Sébastien Blanc : Notre studio défend un design narratif, pas un design du beau. Pour choisir les différentes matières qui allaient composer les 10 scènes, nous n’avons pas pensé 
« esthétique », mais histoire. Nous aimons l’idée de revaloriser certaines matières, ou du moins de faire changer le regard qu’on leur porte, sans préjugé. Pourquoi ce vinyle jaune pâle, souvent utilisé dans les maisons de retraite, n’évoquerait pas aussi la lumière du soleil dans un grand hôtel ? Les matériaux utilisés doivent être au service de l’histoire que l’on cherche à raconter. Dans quel univers nous souhaitons projeter les visiteurs, les clients, les gens ? Quelle expérience souhaitons-nous leur faire vivre ? A partir de cela nous pouvons choisir n’importe quel sol, tant qu’il évoque quelque chose pour nous. 

Vincent Baranger : Si les sols Tarkett ont de grandes capacités techniques – ces revêtements sont largement utilisés dans les hôpitaux, les écoles, les stades - ils peuvent aussi raconter d’autres histoires. Avec Play, nous avons voulu décloisonner la manière de les penser et de les utiliser. Détourner, pour réinventer. 

Comment avez-vous conçu l’Atelier Tarkett, rue de Saintonge ?

Vincent Baranger : Plus qu’un simple showroom, nous avons voulu créer un catalogue à l’échelle architecturale. Un endroit où tout est prétexte à montrer le potentiel des produits Tarkett. Nous avons ainsi créé une grande bibliothèque de matériaux, où le classement ne se fait plus par type de sol mais plutôt par couleur. Si vous cherchez du bleu, les vinyles, moquettes, homogènes, linoleums sont exposés ensemble ; les vrais parquets, eux, sont mêlés aux imitations. Le showroom dispose aussi d’un ID Lab, comme une prolongation du bureau de l’architecte, où celui-ci venir travailler, s’approprier les matières, tester des combinaisons…

Jean-Sébastien Blanc : Certains éléments de mobilier ont même été réalisés avec des revêtements Tarkett, pour montrer la matière autrement : il y a la grande table en marqueterie de bois avec quatre essences de parquets, la banquette en dalles de moquette, les tabourets en rouleaux de vinyle… Un art du détournement et du jeu que nous avons voulu retrouver dans le cahier d’inspirations Play.